ALLIANCE DES SAVOIRS ANCESTRAUX ET DES BIOTECHNOLOGIES AVANCÉES

Le PISAD relie les Índios et les Scientifiques occidentaux par un pont de dialogue et de coopération juste et équitable : en apportant aux Índios des technologies écologiques high tech faciles à utiliser et inspirées de leurs techniques artisanales, les Scientifiques aident les Índios à exploiter les plantes médicinales de leur forêt sans la détruire. La haute valeur ajoutée apportée par des biotechnologies respectueuses de l’environnement adaptées à leur mode de vie, leurs valeurs et leur style cognitif, vise à assurer leur avenir et à développer la bioprospection légale, dans le respect des droits de propriété intellectuelle et en répondant à l’exigence d’un partage équitable des connaissances et des bénéfices issus de la coopération entre les peuples. L’Histoire de la coopération entre Índios et “Grands Scientifiques” ne date pas d’aujourd’hui. Depuis le XVIe siècle les Índios ont contribué à sauver de nombreuses vies humaines des deux côtés de l’Atlantique, en transmettant leurs savoirs en plantes médicinales et remèdes naturels aux Naturalistes et Scientifiques venus de l’Occident s’instruire auprès d’eux. La Science et les technologies occidentales ont permis de mettre au point les quinine, émétine, artémisinine, crépitine, d-tubocurarine… ou encore des blockbusters tels la pilocarpine et le captopril commercialisés par deux des cinq premiers laboratoires du globe. Ces molécules entrées dans la pharmacologie moderne soignent et sauvent la vie de milliers de personnesRÉFÉRENCE : M. C. Meyer, Amérindiens d’Amazonie, in RICHARD, D.; SENON, J-L. Dictionnaire des drogues, des toxicomanies et des dépendances, Paris, Éditions Larousse, 1999, pp. 35-42 dans le monde… sans oublier les curares qui furent introduits en Europe par Humboldt au XIXe siècle. Dans le contexte historique de l’époque, ces dons faits à l’Occident n’ont jamais été dûment reconnus et encore moins récompensés. Aujourd’hui, la prise de conscience de la communauté internationale relative aux ravages causés par la biopiraterie des ressources génétiques, amène la communauté scientifique à soutenir à l’action du PISAD.

Les Prof. Dr. Meyer et Richet engagés pour le développement durable
Le Prof. Dr. Meyer, président de la PISAD avec le Prof. Dr. Gabriel Richet, petit-fils du Prof. Dr. Charles Richet Académie de Médecine, Paris, France

SAVOIRS ANCESTRAUX DES MEDICINE-MEN ET MYTHOLOGIE AMÉRINDIENNE

En Amazonie les Hommes-médecine sont nommés Pajés ; Ils ont une fonction “sacrée”, celle de chefs spirituels de leur ethnie. Ils incarnent l’harmonie affective et l’éthique d’une vie soumise à la réalité des Lois de la Nature, des forces de vie et de mort des cycles naturels. Ils ont pour rôle de préserver la vie, la santé, de maintenir les équilibres sociaux de leurs tribus dont les modes de vie sont encore basés sur une moralité de partage, de solidarité et de relations coopératives. Les Índios les nomment “Hommes Jaguar”, en raison de leur capacité de diagnostic et de prescription en affinité avec celle du plus puissant des animaux de la forêt, le Jaguar : la précision, l’efficience.

Sinaá Mythe Fondateur de la “Médecine Índios

 

Sinaá – mi-Jaguar, mi-Índio – a transmis aux Hommes la connaissance des Plantes médicinales.

Le peuple Índio cultive un profond respect pour le Jaguar (Panthera onca onca) qui dans la cosmogonie indigène symbolise un principe régulateur des rapports de l’Homme à la Nature. Le Jaguar est associé à l’essence spirituelle : un dieu lié à la création de la Nature et de ses lois… Le mythe de Sinaá raconte que son père était le gigantesque Jaguar noir Ducaá, dieu ancestral des félins, qui épousa une mortelle et que c’est ainsi qu’il devint l’ancêtre des Índios Juruna (Yuruna ou Yudjà). Rajeunissant chaque fois qu’il prenait un bain dans la rivière, Sinaá enseigna aux Índios Juruna à fabriquer une potion ayant de puissantes propriétés thérapeutiques, tel un élixir de vie, à partir de l’écorce d’un arbre spécial. Ainsi, grâce au Jaguar, l’entité Pajé (Homme médecine) était née en Amazonie. Sinaá est devenu le plus grand Pajé de la Forêt.M. C. Meyer, Myth and Science in Amazônia, in Hommage to Sir Peter Blake, blakexpeditions – UNEP, Sir Peter Blake Trust. Auckland, New Zealand November 20th, 2001, 9 p., retrieved 4 February 2011: www.pisad.bio.br/artigos/myths_and_science_amozonia.pdf

MYTHES AMÉRINDIENS ET PLANTES MÉDICINALES PROMETTEUSES

La sélection de plantes prometteuses visant le développement de bioproduits pharmacologiques ne peut se faire qu’avec la confiance des Pajés, détenteurs des récits mythologiques porteurs des données fondamentales pour l’identification des principes actifs thérapeutiques. Leur approche de “prescription de remède” et de la posologie repose sur une science empirique concernant les principes actifs du règne végétal et animal qui s’est établie sur la base de milliers d’années d’applications méthodiques et d’expérimentations méticuleuses de type “épreuves et contre-épreuves”. Les Índios constituent le groupe humain disposant du plus grand nombre de plantes psychotropes à portée de main. Ils connaissent chacune de ces plantes ayant un pouvoir puissant sur le système nerveux centralRÉFÉRENCE : M. C. Meyer, Amérindiens d’Amazonie, in Richard, Denis; Senon, Jean-Louis; dictionnaire des drogues, des toxicomanies et des dépendances, Larousse-Bordas, 1999, 433 p., pp.35-42 . Dans leur culture elles ont une importance particulière dans la mesure où ce sont elles qui vont orienter le Medicine-man à sélectionner les “bonnes” plantes pour chaque maladie. A force d’expérimenter des milliers de plantes, les indigènes les plus doués ont développé un sixième sens, un véritable art du décryptage des vertus médicinales des plantes. Cet art de « voir dans une plante mortelle un remède possible »RÉFÉRENCE : J-M. Augereau, « Les Plantes médicinales », in Aux origines des plantes, des plantes anciennes à la botanique du XXIe siècle, sous la direction de F. Hallé et P. Lieutaghi, éd. Fayard, 2008, tome 2, 665 p., p. 179. se manifeste également dans leurs protocoles de préparation des plantes (extraits liquides, exsudats, distillations, fermentations…) renforçant l’efficacité de leurs effets thérapeutiques. Derrière cet art, apparemment intuitif, se trouve une richesse de gestes rituels et de procédés (e.g. les curares) qui peuvent être comparés à ceux de biotechnologies occidentales.

LES CURARES: HISTOIRE D'ANESTHESIE Les Curares : Histoire d’anesthésie

Le curare a longtemps fasciné l’Occident par son action “mystérieuse”: la mort – ou la pseudo mort éphémère – par endormissement, sans souffrance… Beaucoup de chercheurs qui l’ont étudié, s’interrogeaient sur ses applications thérapeutiques. Il fallut attendre Claude Bernard qui, en 1856, démontra que le curare bloque la jonction neuromusculaire sans affecter le muscle lui-même et ce n’est qu’au XXe siècle qu’on finira par comprendre précisément le mécanisme de fonctionnement des curarisants. Les premiers échantillons de curare furent rapportés en France par Charles-Marie de La Condamine, en 1745, et sa « formule » ne fut que partiellement révélée par les Índios pour la première fois au célèbre Naturaliste Alexander von Humboldt (1800). Ce poison enrobe la pointe des flèches et fléchettes que les Índios utilisent pour paralyser leur proie de chasse (par son pouvoir de blocage d’un neurotransmetteur majeur, l’acétylcholine) : la chair reste comestible, car le curare n’est pas actif en cas d’ingestion. Le curare est un mélange savant de plusieurs espèces de plantes telles les Chondodendron tomentosum, Strychnos toxifera, S. erichsonii, S. diaboli, mitscherlichii, S. pedunculata, S. cogens, Guettarda acreana… et bien d’autres plantes que les Índios ajoutent à son procédé de préparation, telle la Psychotria erecta. Ce mélange est réalisé pour deux raisons principales : 1- pour son puissant effet “prodrogue”, à savoir : le mélange de molécules provenant des diverses plantes crée un phénomène de synergie qui augmente le pouvoir des différents principes actifs, permettant souvent de diminuer les effets indésirables. 2- pour la protection des Índios, à savoir : ils cachaient le “Secret du Curare” en mélangeant de nombreuses plantes ; ainsi le mystère entourant sa composition est devenu une véritable énigme, dans les Académies européennes, qui a fait couler beaucoup d’encre et noirci des dizaines de milliers de pages, depuis Charles-Marie de La Condamine durant plusieurs siècles. En fait, les Índios craignaient qu’en dévoilant aux Occidentaux le secret de formulation de la potion mortelle, celle-ci ne puisse être employée contre eux. Dans un contexte comparable, lié à l’IPR, cette peur reste actuelle pour d’autres drogues. À défaut de l’existence de brevet chez les Índios, la tenue de ce secret ne serait-elle pas l’équivalent de la protection de la propriété intellectuelle des Occidentaux ? Voir aussi Napirikoli : Le venin de serpent associé au plant du curare (mythe Baniwa/Tukano). Loin de l’“herboristerie de nos grand-mères”, les Curares sont la démonstration même de la puissance des principes actifs naturels : ils sont utilisés quotidiennement dans les hôpitaux du monde entier, comme relaxant musculaire en anesthésie chirurgicale, sous les formes dérivées de d-tubocurarine (identifiée par Claude Bernard, et isolée par Harold King sous sa forme pure en 1935). Certains curares sont également utilisés pour le traitement de la sclérose en plaques, la maladie de Parkinson, de graves maladies cutanées, morsures de serpent… Pr. Mario Christian Meyer

LE PONT DE COMMUNICATION ET DE COOPÉRATION©

L’action du PISAD est dédiée à l’alliance des Savoirs ancestraux Índios sur les plantes médicinales et des Biotechnologies avancées pour l’innovation, la Santé humaine et la Protection de la Nature. Le PISAD est le trait d’union qui met en synergie les communautés Índios et les Scientifiques dont les mondes semblent aux antipodes.

Notre Pont de Communication et de Coopération Équitable©  transdisciplinaire, intersectoriel, multiculturel, relie notre TRIADE d’acteurs: l’Amazonie, les Índios et les Scientifiques. Le PISAD instaure un dialogue interculturel et développe des méthodologies ethnoculturelles innovantes sur le terrain avec des activités pluri-générationnelles pour faciliter les échanges entre les systèmes de connaissances des Savoirs traditionnels ancestraux Índios et du Savoir scientifique et technologique occidental. C’est essentiel pour la mise en œuvre des Programmes de co-développement et de coopération équitable entre les Índios et les Scientifiques, respectueux des diversités biologique (plantes médicinales) et culturelle (savoirs traditionnels) d’Amazonie.

L’équité de cette coopération scelle la confiance mutuelle entre les communautés Índios et les Scientifiques originaires des Centres d’excellences partenaires pour la réalisation de projets communs.

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Le Pont de Communication et de Coopération Équitable©, dont l’architecture est le socle de l’alliance des Savoirs ancestraux Índios sur les plantes médicinales et des Biotechnologies avancées, permet d’articuler cinq passerelles interactives afin d’initier progressivement les étapes nécessaires pour la valorisation de la biodiversité amazonienne et des savoirs traditionnels associés, l’élaboration des bioproduits d’avenir à haute valeur ajoutée et ‘eco-friendly’ dans le respect du partage équitable des avantages et bénéfices.

SÉLECTION DES PLANTES PROMETTEUSES

La sélection des plantes prometteuses se déroule au cours des missions scientifiques du PISAD avec les medicine-men des communautés Índios partenaires formant notre réseau de bioprospection légale. C’est le premier maillon de la chaîne d’innovation et de l’application des Biotechnologies vertes brevetées aux plantes médicinales amazoniennes pour les médicaments du futur.

Dans le domaine des Soins de Santé « de grandes pathologies… sont restées sans traitement satisfaisant, infections à germes résistants, maladies virales… cancers… maladies immunologiques (sclérose en plaques, diabète)». L’Amérique Latine, l’Europe, d’autres régions développées et pays en développement  sont « en situation de totale dépendance à l’égard des trois pays [95% des grandes molécules originales viennent des firmes américaines, anglaises, suisses…] qui ont voulu développer une industrie pharmaceutique, dont ils ont su percevoir l’importance économique et politique avec 30 ans d’avance… ». L’étude des génomes et procédés cellulaires complexes des plantes sélectionnées est ensuite réalisée par les Laboratoires de Recherche partenaires dans le cadre de contrats de joint-research qui protègent les secrets et les droits de propriété intellectuelle (IPR) des Índios et des Scientifiques. Ce biosourcing vise l’élargissement du nombre de plantes thérapeutiques rares de la Pharmacopée Amérindienne et Occidentale pouvant délivrer des molécules originales ayant une efficacité majeure (antimicrobiens, anti-inflammatoires, anticancéreux, antihypertenseurs, anticoagulants, antidiabétiques…) et pouvant permettre des innovations capitales pour les industriels fabriquant des pharmaceutiques, dans une approche équitable.

UN TRANSFERT DE BIOTECHNOLOGIE ORIGINAL

Le PISAD réalise le premier transfert de l’Histoire d’une biotechnologie avancée auprès d’une communauté amérindienne : une Biotechnologie racinaire de dernière génération, afin que les Índios de la communauté du Nord-Ouest de l’Amazonie se familiarisent avec cette biotechnologie verte et puissent développer des activités de bioproducteurs exploitants des plantes médicinales aux principes actifs déjà connus, des plantes rares ou en danger d’extinction. Leurs coopératives et les fournisseurs des industriels pourront produire des bioactifs de nouvelle génération à haute valeur ajoutée pouvant être équitablement partagée.

L’équipe Scientifiques/Índios dédiée au transfert de technologie et biotechnologie a créé des mécanismes d’articulations entre les savoirs traditionnels et le savoir-faire scientifique qui épousent leur style cognitif et des protocoles de formation participative prenant appui sur une psychopédagogie respectueuse de leurs formes d’expression et de communication, de leurs systèmes de valeurs, de leur spiritualité et culture animiste, et de leurs modes d’apprentissage.

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DU MYTHE AUX  BIOACTIFS

Dans les récits recueillis des medicine-men amérindiens sur les plantes médicinales et toxines animales, nous avons pu trouver des principes actifs bien définis; mais cela n’a pu se faire qu’après avoir établi une longue relation de confiance basée sur un échange équitable. Utiliser les Savoirs des Índios sur la biodiversité et les plantes médicinales pour les valoriser par les biotechnologies est désormais possible en établissant avec les scientifiques leur profil biochimique…

Après plus de dix ans de recherche, nous arrivons au stade où cette coopération équitable apporte ses fruits.

Différentes raisons justifient l’application de notre méthodologie Cogni’Índios©, principalement :

– les fonctions cognitives des Índios sont principalement basées sur des mythes fondateurs au sein desquels nous décryptons un véritable système de classification des entités de la biodiversité;  par un système d’analyse approprié, intégré dans le  Pont de Communication et de Coopération Équitable©, nous accédons aux mécanismes de sélection des plantes médicinales  “prometteuses” ; ce processus reste sous le contrôle des Índios par un dispositif de co-brevets où ils sont partenaires, afin d’assurer leur propriété intellectuelle…

– divers mythes amérindiens se rapprochent de véritables  “procédés biotechnologiques empiriques” si l’on se réfère à la définition de la Biotechnologie de la Convention de la Diversité Biologique de l’ONU (Rio 92).

En travaillant en intime collaboration avec les Índios, le PISAD les aide à mieux comprendre et à adopter les nouveaux “procédés biotechnologiques scientifiques” que nous proposons d’adapter aux plantes médicinales amazoniennes.

Nos transferts de biotechnologies vertes avancées pouvant être appliquées aux plantes médicinales sélectionnées s’appuient donc autant sur le respect des motivations des Índios désireux de valoriser leurs savoir-faire préexistants que sur l’organisation des pilotes de production d’extraits végétaux en “goutte à goutte” et des activités éco-ethno-biotechnologiques adaptées aux aptitudes, valeurs et style cognitif des Índios. Cela correspond à nos engagements et satisfait leur besoin de s’approprier les techniques du métier de bioproducteur d’extraits végétaux et de conserver le pouvoir de déterminer la nature, l’intensité, la durée de leurs activités.

SÉLECTION DES MYTHES ÍNDIOS LIÉS AUX PLANTES

De manière à prévenir toute imposition d’un modèle dominant, et prévenir les risques de dommages psychiques et culturels possibles chez les populations Índios qui n’ont pas ou très peu de contacts avec la culture occidentale et qui sont amenées à rencontrer et utiliser des technologies modernes, Meyer s’est appuyé sur le système de la Mythologie amérindienne et a analysé des dizaines de Mythes Índios sur les plantes médicinales et leurs propriétés. Cette approche a permis de sélectionner plusieurs biotechnologies avancées qui utilisent des procédés similaires à ceux décrits dans les mythes amérindiens, de façon à ce que les Índios se sentent en terrain connu, évitant ainsi le choc psycho-culturel.

LE MYTHE DU TIMBÓ

Un personnage mythique de la Forêt, Icuamã, décida de se servir du Timbó, plante dont les racines produisent une substance toxique qui a la propriété d’anesthésier les poissons en les asphyxiant. Selon la tradition, le Dieu de la Nature, Hekura, révéla ce secret à Icuamã (personnage de la cosmogonie amérindienne). Le mythe raconte qu’Icuamã – personnage de la cosmogonie amérindienne – amena son fils unique à une grande célébration rituelle dans la forêt : très brillant, l’enfant releva des contradictions dans le discours de Jeju et Matrinchão, deux entités malveillantes associées au monde cosmogonique des poissons. Vexées, celles-ci lui jetèrent un sort mortel. Icuamã dut rendre son fils à la Terre : de sa jambe droite est né l’arbre “Timbó ocuhén. Dans les racines de cette plante s’est développé un poison qui, lorsqu’il se dilue dans l’eau, développe son pouvoir d’affaiblir les poissons. En ce même temps, Jeju inventa la première eau, gardée secrète. Un autre enfant du village Sucuri-Pacu, également très futé et curieux voulut à tout prix découvrir ce secret. Avec ruse, il réussit à voir la première eau de la Terre. Jeju qui l’apprit, en fut très fâché. Pour se venger, il fit exploser, à l’aide du pouvoir magique de la maracá du Pajé, le ventre du Sucuri-Pacu d’où sortit une quantité immense d’eau – multiplication de la flaque originelle – qui se répandit dans les villages et vallées, formant ainsi le fleuve Amazone. Désormais, les poissons allaient vivre dans les fleuves. Icuamã, qui attendait toujours l’occasion de venger la mort de son fils, jubila de l’arrivée de l’eau. Rapidement, il ordonna à sa tribu d’aller dans la forêt déterrer de nombreuses racines du Timbó, de les rassembler en fagots, de les battre par terre, bien les nettoyer, de les frapper sur une pierre arrondie pour libérer la substance active, de la jeter dans le fleuve… Alors, elle se répandra “au fil de l’eau”, les poissons seront étourdis, leur pouvoir limité et le mal réparé. Cette pratique est passée du mythe à la réalité. Pour les Índios, elle est devenue une technique courante maintenue jusqu’à nos jours dans leur façon de pêcher, car le poison est inoffensif pour l’homme. Ainsi, ils utilisent déjà une forme empirique de biotechnologie, à savoir: dans cet exemple ils extraient une substance biologique, par une technique biologique (exsudation d’une substance bioactive), comme usage préétabli  (cf. définition de Biotechnologie de la Convention sur la Diversité Biotechnologique-ONU).

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SÉLECTION DES BIOTECHNOLOGIES VERTES

Les projets de transfert des biotechnologies respectueuses de l’environnement avec les communautés Índios reposent sur une sélection effectuée par le Prof. Dr. Meyer selon plusieurs critères : – l’existence d’affinités entre leurs procédés et le système de valeurs, us et coutumes, mode de vie et d’organisation d’activités collectives des Índios afin de respecter leur identité psycho-culturelle ; – leur caractère protecteur de l’environnement : exploitation des plantes sans aucun risque d’érosion des espèces végétales par une demande excessive du marché, ni de contamination d’autres espèces (pas d’OGM) ; – générateurs de très haute valeur ajoutée lors de l’exploitation des plantes médicinales sélectionnées progressivement par le PISAD avec les Índios en raison de leur exceptionnelle concentration en principes actifs.

UN TRANSFERT DE TECHNOLOGIES DÉDIÉ À LA SANTÉ HUMAINE ET ENVIRONNEMENTALE

La réalisation du transfert des biotechnologies vertes du PISAD va permettre de produire in situ des extraits végétaux purifiés ayant une valeur ajoutée inédite et de valoriser les plantes Amazoniennes sélectionnées par les Caciques et les medicine-men Índios avec le Prof. Dr. Meyer lors de ses missions prospectives. Cette opération offre une alternative aux procédés d’extraction directe de la biomasse nécessitant l’abattage d’arbres centenaires aux écorces, racines, tissus ligneux, feuilles précieuses (e. g. L’if du Pacifique dont on extrait le Taxol® traitement anticancéreux – CNRS). En partenariat avec les communautés Índios, cette bioproduction locale d’extraits naturels (bioactifs) aux propriétés thérapeutiques (e.g. anticancéreuses, antibiotiques…) ou dermo-cosmétiques (hydratantes, antiradicalaire, ou encore biocolorantes…) pourra approvisionner le marché national et international des entreprises pharmaceutiques, cosmétiques, nutraceutiques, alimentaires, phytosanitaires… respectueuses de ce Peuple premier. Ainsi, initier le développement d’une bioprospection légale et d’une bioproduction d’extraits végétaux, principes actifs, biocolorants… avec les tribus Índios économiquement les plus pauvres de ces régions du monde les plus riches en biodiversité devient le garant de la sauvegarde des Peuples Índios menacés d’extinction et de la préservation et conservation de la biodiversité d’Amazonie. info10

UN MODÈLE DE PROTECTION INTELLECTUELLE DES ÍNDIOS ET SCIENTIFIQUES : GAGNANT-GAGNANT

Le PISAD protège les Droits de Propriété Intellectuelle (IPR) des Indigènes et des Scientifiques pour le développement des Biotechnologies de pointe et des médicaments du futur.

LE SACRÉ MYTHOLOGIQUE ÍNDIOS EST LE SECRET INDUSTRIEL Les Índios ont un rapport très privilégié au Sacré qui se manifeste en permanence dans leurs activités les plus variées et dans leur système taxonomique vernaculaire de classification des savoirs millénaires sur les plantes sacrées. La myriade de noms existants dans les différentes langues Índios pour désigner chaque Principe actif est en soi une Protection du savoir. Les anciens et les Pajés n’autorisent pas l’utilisation, voire même la prononciation, et encore moins l’écriture de certains mots sacrés des mythes, chargés de pouvoirs sacrés souvent associés aux plantes : pouvoir de guérison mais aussi d’induction de maladies lorsque maladroitement ou malhonnêtement employés. Prononcés par un non initié, ces mots interdits pourraient provoquer des désastres irréparables.   La pratique du secret lié à la dénomination “sacrée” des plantes constitue une garantie absolue du respect de la confidentialité, “sacrée” pour l’Industriel. Cet interdit est un gage protection du savoir. Comme nous l’ont indiqué des chefs amérindiens, tels André Baniwa (Vice-Cacique à São Gabriel da Cachoeira- Amazonas, 2010) et Irineu Baniwa (Secrétaire général de la OIBI – Organisation Indigène du Bassin Içana 2007), ces mots ne seront donc jamais inscrits dans un manuel. Dans leur philosophie pratique, le sacré et le secret vont de pair. C’est un atout capital des protocoles de coopération entre les Scientifiques, les Índios et les industriels. Le succès de la coopération Índios-Industriel dépend de la “frontière” établie entre le “sacré industriel” qui est de l’ordre de la protection de l’innovation technologique et le “sacré Índios” qui est de l’ordre de la protection du savoir divin (transmis aux Hommes par les entités spirituelles de la Nature).   LE PISAD SE PORTE GARANT DU RESPECT DES SAVOIR-FAIRE ET BREVETS DES PARTENAIRES Les Joint-Research du PISAD précisent les modalités de dévoilement et assurent une divulgation restreinte des informations, permettant de respecter la composante sacrée du mythe fondateur recueilli sur le Terrain. Elles recèlent aussi le secret industriel sur les plantes à l’origine des principes actifs blockbusters de médicaments ou cosmétiques. C’est le seul moyen pour réussir une coopération entre les communautés Índios, les Scientifiques des centres d’excellence et des industries de pointe qui respectera à la fois la diversité culturelle des Índios et la diversité biologique de l’Amazonie. Cette solution innovante et inédite : – Prévient le risque de biopiraterie scientifique et industrielle occidentale. – Garantit aux Índios leurs Droits de Propriété Intellectuelle (IPR) dans le respect de leur diversité culturelle (cf. Décret n° 4.339/2002, item 15.1.7. de la Politique Nationale de la Biodiversité), protectrice des savoirs traditionnels associés aux ressources génétiques+ Politique Nationale de la Biotechnologie, qui leur garantit le droit de conserver et d’utiliser leurs connaissances pour le développement économique, culturel et social et de le transmettre à leurs générations futures afin qu’ils puissent participer activement à l’exploitation biotechnologique des vastes ressources génétiques issues de la biodiversité amazonienne.